Critique de la SFI

In: Thomas Michaud, La science-fiction institutionnelle, L’Harmattan, 2023

Le texte examine l’utilisation de la science-fiction par les institutions pour façonner des visions du futur. Il explore comment la science-fiction influence l’innovation, la prospective stratégique, et même l’idéologie d’entreprises et d’organisations. L’auteur étudie les concepts de protopie, d’utopie, et de dystopie, et l’éthique nécessaire pour utiliser la science-fiction de manière constructive. De plus, le document analyse comment l’imaginaire technique influence le capitalisme et comment les organisations peuvent utiliser des récits futuristes pour atteindre leurs objectifs. Il met en lumière le design fiction et l’importance de filtrer et de reformater l’imaginaire pour éviter des dérives ou des interprétations nuisibles. Enfin, il souligne le rôle des technotypes et de la noogenèse dans l’émergence de nouvelles idées et technologies.

Thème Général : L’analyse de la science-fiction (SF) et de son utilisation par les institutions, les entreprises et les organisations pour la prospective, la stratégie, et la construction d’un imaginaire collectif du futur. Le document soulève des questions éthiques concernant la performativité de cet imaginaire, son potentiel de manipulation, et la nécessité d’un filtrage critique.

Idées Principales :

  • La Science-Fiction comme Outil de Prospective et de Stratégie :Les organisations utilisent de plus en plus la SF pour anticiper l’avenir, sensibiliser leurs membres, et promouvoir une vision stratégique.
  • « La prospective concerne la plupart des organisations. Elle contribue à penser l’avenir à partir d’indices trouvés dans le passé et le présent. En utilisant la fiction, cette discipline s’autorise une multitude de mondes possibles, qui servent à définir des stratégies reposant sur des discours parfois performatifs. »
  • Les Risques de la Science-Fiction Dystopique et Utopique :La SF, en présentant des sociétés extrêmes, peut générer des peurs paralysantes ou des désirs irréalisables.
  • Il est crucial d’éviter la « performativité de la dystopie » et de viser des « protopies » (améliorations incrémentales) plutôt que des utopies totalitaires ou des dystopies angoissantes.
  • « Il s’agit d’en extraire le potentiel améliorateur à court terme afin de rendre les lendemains meilleurs, soit en réalisant des parties d’utopies, soit en repoussant les visions dystopiques comme les épidémies, les catastrophes climatiques ou industrielles. »
  • La Science-Fiction Institutionnelle :Les institutions créent et diffusent leur propre imaginaire du futur, souvent sous forme de récits, pour assurer un ordre symbolique et légitimer leurs actions.
  • Il existe un risque de « dénaturation du genre » si la SF est utilisée uniquement à des fins de légitimation.
  • « Les organisations génèrent un imaginaire qui doit être canalisé, filtré, afin de ne pas nuire au discours institutionnel. »
  • La Prospective Science-Fictionnelle (PSF) :La PSF combine les méthodes traditionnelles de la prospective avec la créativité et la spéculation de la SF.
  • Elle permet de décrire des futurs possibles d’une manière plus riche et nuancée, en tenant compte de la complexité du réel.
  • « La prospective science-fictionnelle (PSF), comme une branche des études sur le futur en gestation, et dotée d’un potentiel intéressant pour les prochaines années. »
  • Le Rôle de l’Imaginaire Technique et des Technotypes :La SF est une source d’inspiration pour l’innovation technologique.
  • Il est possible d’extraire des technologies utopiques des récits dystopiques et de les réinsérer dans des contextes positifs.
  • « Les technologies sont présentes dans tous les films et romans de science-fiction, et anticipent, ou accompagnent, les mutations du capitalisme depuis le dix-neuvième siècle. »
  • La Noogenèse et les Technotypes:Exploration des origines des idées, notamment des technotypes (archétypes technologiques), et leur rôle dans l’innovation.
  • Il est évoqué une « noogénétique » comme une sorte d’ADN des idées, influençant le développement technologique.
  • Science-Fiction et Capitalisme :Le capitalisme s’inspire de la SF pour innover et se perpétuer.
  • Les entreprises créent leurs propres « mythes sectoriels » basés sur la SF pour influencer les croyances collectives.
  • « Elles établissent des récits originaux de futurs dans lesquels elles jouent un rôle central, dans lesquels leurs produits modifient les comportements des individus et révolutionnent les modes de vie collectifs. Elles se donnent les moyens d’imaginer de quelle manière elles changeront le monde grâce à l’innovation. »
  • Les Limites de l’Imaginaire et le Risque de Délire :Il existe un risque de « délire » si l’imaginaire de la SF n’est pas correctement filtré et ancré dans la réalité.
  • Les entreprises qui se laissent emporter par des visions utopiques irréalistes risquent l’échec.
  • « Le risque d’un imaginaire délirant pour les institutions… L’ère hyperréelle dans laquelle le capitalisme est entré risque en effet de mener à des spéculations sur son avenir inspirées par un imaginaire surabondant pouvant le conduire à oublier le sens des réalités. »
  • Éthique de la Science-Fiction Institutionnelle:Nécessité d’une « éthique du futur » pour guider l’utilisation de la SF dans la prospective et la stratégie.
  • Les entreprises doivent éviter de manipuler l’imaginaire collectif à des fins purement commerciales ou idéologiques.
  • Il est important de promouvoir une vision du futur qui soit à la fois innovante, réaliste et bénéfique pour l’humanité.

Conclusion :

L’utilisation de la science-fiction par les institutions est une tendance croissante qui offre des opportunités considérables, mais qui comporte aussi des risques. Une approche critique et éthique est essentielle pour exploiter le potentiel de la SF de manière responsable et constructive. Il faut que cet imaginaire soit canalisé et ne pas mener à des spéculations excessives ou à la promotion de visions du futur potentiellement nuisibles. L’objectif est d’utiliser la SF comme un outil pour améliorer le présent et construire un avenir souhaitable, tout en restant conscient de ses limites et de ses dangers.

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