Réflexions sur l’anarchie, Suite au black bloc de Poitiers du 10 octobre 2009

L’objectif de ce petit livre est d’analyser le discours politique manifesté lors du Black Bloc qui a eu lieu en octobre 2009 à Poitiers. Des dizaines de tags furent inscrits sur les murs des immeubles, des monuments historiques et des vitrines de grandes entreprises, notamment de banques. Ces inscriptions furent rédigées en quelques minutes de chaos, les forces de l’ordre étant dépassées par l’évènement. Les photos prises quelques heures après la manifestation permettent de reconstituer un discours politique propre à l’anarchisme. Ce courant politique se manifeste lors de mouvements de contestation de l’ordre global. Les Black Blocs ont la réputation depuis la fin des années 1990 de s’opposer aux forces de l’ordre violemment, usant de slogans anti-autoritaires, anti-étatiques et révolutionnaires. Les slogans utilisés dans les tags photographiés puisent leurs références dans un imaginaire anarchiste remontant au dix-neuvième siècle, voire à l’antiquité. Ils donnent l’occasion de mieux comprendre certaines revendications de la part d’une population manifestement opposée au système carcéral et à la fonction répressive de l’Etat. Neuf ans après, il n’y a pas eu de nouveaux évènements à Poitiers. C’est la raison pour laquelle ces photos sont publiées, avec un petit texte mettant en perspective les tags laissés par les contestataires. Suite à la parution de ce livre, les blacks blocs furent au centre de l’actualité française, ces mouvements détruisant de nombreux bien privés et publics, couvrant par ailleurs de nombreux tags les monuments représentant l’autorité de l’Etat.

L’imaginaire anarchiste repose sur des slogans mais aussi sur une connaissance de l’histoire de la lutte des classes. La lutte contre l’oppression et le pouvoir politique est un phénomène récurrent dans l’histoire. Les anarchismes symbolique et violent doivent être distingués. Ses adeptes entrent en action lors de grands rassemblements du pouvoir dominant, comme lors de réunions du G7, par exemple. Ces luttes font parfois des blessés, voire des morts, certains individus étant prêts à laisser leur vie pour faire entendre leur haine du capitalisme et de l’Etat. L’anarchisme est la philosophie qui soutient l’anarchie. L’anarchie qui s’est manifestée à Poitiers en 2009 demeurait à l’époque de parution du livre  un phénomène éphémère, sans suites notables, les forces de l’ordre ayant probablement agi en conséquence. Brice Hortefeux, lors d’une visite prévue quelques jours après, avait appelé à la dissolution des groupuscules d’extrême gauche désignés comme responsables.

Ce type de comportement peut être assimilé à une forme de mouvement social dont l’efficacité reste à démontrer. Bien que contestables sur la forme, les black blocs ont pour fonction de lutter contre la tentation autoritaire du pouvoir institutionnel. Les contre pouvoirs, aux discours très variés et parfois antagonistes, ont pour point commun la volonté d’éviter des dérives fascistes dans les démocraties, que certains théoriciens nomment les démocratures. Ces discours sont par la suite récupérés par les partis politiques, et peuvent mener à des lois et des mesures justifiant parfois des prises de positions jugées marginales, voire illégitimes, lors de leur expression initiale.

A la lueur des photos et des commentaires, le lecteur pourra se faire un point de vue sur l’utilité ou la menace pour les démocraties de ce type de mouvements.

Sommaire :

Introduction, p. 5 

La guérilla anarchiste à Poitiers, p. 17

Critiques de la démocrature, p. 53

La démocratie anarchiste, p. 57

Contre les camps de rétention, p. 65

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