The Machine, et l’avenir de l’IA militaire

The Machine, Grande-Bretagne, 2013

Dans le film britannique The Machine, sorti en 2013, une Guerre froide agite les relations entre la Grande-Bretagne et la Chine, notamment à propos de Taiwan, dans un futur proche, plongeant l’Occident dans la récession. Le film se déroule dans un centre de recherche en intelligence artificielle de l’armée britannique. Les chercheurs travaillent sur des implants cérébraux permettant de restaurer les capacités intellectuelles de soldats blessés au combat. Le film début sur la révolte d’un d’entre eux, victime d’une balle en pleine tête, dont l’implant le pousse à agresser le scientifique qui essayait de l’aider, Vincent McCarthy. Ce dernier recrute une chercheuse en intelligence artificielle, Ava, mais celle-ci est assassinée par les Chinois, après toutefois que Vincent a scanné son cerveau. Il s’en sert pour créer la Machine, un robot humanoïde sosie d’Ava et doté de sa personnalité. Toutefois, celle-ci tombe amoureuse de Vincent, qui lui interdit d’agresser et de tuer. Cela va à l’encontre des intérêts et des ambitions du chef du centre militaire, qui cherche à en faire une arme redoutable, censée aller tuer le Président du Parti communiste chinois ainsi que de nombreux responsables politiques dans le but de provoquer une révolution dans le pays, ce qui l’affaiblirait et permettrait de gagner la guerre. Le chef du laboratoire décide donc de forcer Vincent à déprogrammer la Machine, pour en faire une tueuse. Mais celui-ci désobéit et ne débranche que la batterie de son GPS. En effet, il est idéaliste et cherche à utiliser le programme militaire pour sauver l’esprit de sa fille, victime d’un handicap. Ava finit pas se révolter et à abattre les nombreux militaires protégeant la base, ainsi que leur chef. Elle est bien devenue une tueuse, mais pour sauver son amour pour Vincent.

Le film est une énième production sur une intelligence artificielle devenue consciente. Le laboratoire effectue aussi des tests sur les organes artificiels posés sur des cobayes humains mutilés au combat. Ils sont parqués dans la Zone 6, et sont équipés d’un implant qui leur permet de communiquer avec un langage spécifique. Ils sont conscients d’appartenir à une nouvelle espèce, qui remplacera à terme l’humanité. L’intelligence artificielle est ici conçue dans l’optique d’en faire une arme de guerre supérieure, censée apporter une supériorité décisive dans le conflit contre la Chine. Pour l’heure, les robots humanoïdes n’ont pas atteint un niveau de développement suffisant pour imaginer en faire un tel usage. Mais il est probable que le système militaire travaille sur une utilisation de cette technologie dans le cadre de conflits armés. Le film montre l’armée sous un angle négatif, comme une institution cynique cherchant à utiliser les recherches en intelligence artificielle dans un seul but mortifère. Les militaires souhaitent en effet accélérer les résultats pour mettre au point l’androïde susceptible de réaliser leur plan d’attaque contre la Chine. Le mythe du robot soldat est présent dans la science-fiction depuis des décennies à travers la figure du cyborg, popularisée par la série L’homme qui valait trois milliards, puis par la saga Terminator. Il s’agit d’une instrumentalisation par le système militaire d’une innovation qui permet selon un personnage du film de dominer d’autres États, ne disposant pas encore de cette technologie.

L’intelligence artificielle de ce film est donc devenue consciente, dotée d’une capacité à ressentir des sentiments comme une humaine. Elle est par ailleurs capable de parler plusieurs langues et est dotée d’une force surhumaine. Elle est produite à la suite du scan du cerveau d’une humaine.

Dans le film, le conflit avec la Chine vise le contrôle de ressources énergétiques. Ce pays a décidé de développer des soldats cyborgs, et la Grande-Bretagne lance son propre programme pour tenter de conserver son hégémonie dans cette guerre. Bien qu’il n’existe pas de programme officiel de création de soldats cyborgs dans les armées, au moins occidentales, certaines développent des technologies robotiques et d’intelligences artificielles appliquées à la guerre. Le film a le mérite de soulever des questions éthiques relatives à l’élaboration de technologies militaires meurtrières. Il interroge l’utilisation de cobayes humains dans les protocoles expérimentaux, ces derniers étant incarcérés et traités comme des prisonniers. L’objectif de créer des humains augmentés, voire des créatures artificielles humanoïdes dotées d’une force supérieure semble ainsi incompatible avec la perspective de leur laisser une conscience. En effet, le système militaire ne peut supporter le développement d’une autonomie de pensée et d’autoréflexivité, aussi bien chez les cobayes humains, que chez les robots. Ainsi, l’intelligence artificielle devenue consciente finit par se révolter contre son maitre, pour sauver son créateur, menacé de mort par le chef du laboratoire militaire. L’amour de l’IA la mène à mettre son pouvoir au service d’une cause juste éthiquement, et non d’une perspective militaire insatisfaisante moralement. Le film semble véhiculer une opposition morale à l’utilisation miliaire de l’intelligence artificielle, cette question risquant d’être d’actualité dans les années à venir, cette technologie étant vouée à procurer une domination stratégique et géopolitique notoire à l’avenir aux acteurs qui la maitriseront le mieux. 

Thomas Michaud

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